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Publié le 6 janvier 2016

Il y a longtemps que l’industrie américaine du cinéma utilise des séquences mettant en scène un opérateur informatique, une voleuse de bijoux, un espion ou une enquêtrice géniale qui tous, par quelques manipulations habiles, contournent la sécurité de systèmes sophistiqués, en peu de temps, pour pouvoir prendre connaissance de données confidentielles, dérober des biens ou des secrets, ouvrir des portes ou des commandes-contrôle industrielles, débloquer des feux de signalisation ou des ascenseurs, etc.

Certains films ont même marqué les esprits découvrant l’univers méconnu des hackers*. Chacun a en tête les images de ce petit génie du piratage informatique prenant le contrôle d’une voiture, d’un hélicoptère ou d’un satellite, ou de ce terroriste international faisant sauter à distance des immeubles ou des tunnels, ou bien de cet enquêteur hors-norme retrouvant en quelques secondes un délinquant en utilisant les ressources du Big Data et le croisement de fichier…
Progressivement, Hollywood est passée du film qualifié de science-fiction à des films en prise directe avec la réalité quotidienne, montrant des situations suffisamment réalistes pour faire oublier au spectateur qu’un film, à la différence d’un documentaire, est avant tout une œuvre de fiction (c’est en principe inscrit au générique). Entre-temps aussi, beaucoup de choses qui paraissaient totalement irréalistes, ne trompant donc pas le spectateur, sont devenues réalistes grâce aux évolutions technologiques de la vraie vie : aujourd’hui, on sait prendre à distance le contrôle de la diffusion d’image de télévision (TV5 Monde) ou d’un système SCADA connecté (cf. Stuxnet) ; aujourd’hui, nul besoin d’avoir des gants blancs, comme dans « Minority Report », pour faire défiler des tableaux sur un écran holographique géant car le logiciel Kinect de Microsoft reconnait les mouvements de mains devant la caméra**; aujourd’hui, on sait tracer une connexion internet avec des cartes et des visuels (traceroute) et la gestion du Big Data est devenue presque banale ; etc. En fait, le spectateur ne sait plus faire la différence entre la science-fiction et ce qui est à la portée des experts, car Hollywood dilue toujours une dose de « magie noire » dans ses scenarios pour rendre l’intrigue plus excitante. Personne n’aurait plaisir à regarder un opérateur travailler pendant des heures sur son ordinateur, réessayant maintes fois des mots de passe ou des chemins de progression dans un système. Devenant de plus en plus réalistes, grâce à des consultant probablement, les scenarios trichent essentiellement sur la notion de temps pour faire entrer l’action dans le format du film (45 ou 90 mn) et garder intact l’intérêt suscité du spectateur. Pendant plusieurs années, certains films ont été à l’avant-garde du progrès et de l’anticipation d’avancées technologiques. Depuis quelques temps, le cinéma a du mal à nous faire rêver avec des exploits technologiques extraordinaires dont nous ne soyons pas blasés. Le monde des objets connectés (IoT) ouvre aujourd’hui un champ nouveau dont nous percevons encore mal les limites, à n’en pas douter, les pirates en feront leur nouveau terrain de jeu. Les prochaines productions hollywoodiennes y puiseront-elles de nouvelles inspirations ?

* http://motherboard.vice.com/read/the-director-of-hackers-reflects-on-its-20th-anniversary

** http://www.infowars.com/minority-report-is-coming-true-microsoft-wants-stores-to-use-kinect-to-recognize-shoppers

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